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rootsetchemins
28 juin 2016

La petite baraque dans le Ladakh

Rumbak - Yurutse

Je fus très heureuse de voir le jour se lever vers 5h30. Impossible de définir le nombre d'heures, ou peut-être de minutes, de sommeil tant il fut agité. Mais cela n'était que les premiers signes de l'altitude et du manque d'oxygène.

La journée démarra sous de bons auspices puisque Stanzin frappa à ma porte pour m'apporter une cuvette et un pot d'eau tiède. La salle de bains venait à moi. Il y a des toilettes matinales qui vous laisseront à jamais un souvenir indélébile. J'ai pris mon temps : du haut de la toiture qui permettait d'accéder à ma chambre, la vue sur les montagnes et la vallée était magistrale. On avait beau être début mai, de nombreux névés saupoudraient le panorama. J'ai naïvement espéré apercevoir des léopards des neiges car notre hôte m'avait dit en avoir vu beaucoup cette année-là mais que les températures positives les avaient éloignés. Pas de chance pour moi, je pouvais toujours me brosser ... les dents!

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Le petit déjeuner fut composé d'une omelette et de chapati. J'ai peiné à finir tandis que Stanzin "absorbait" deux plâtrées de tchoutaki : la vitesse d'exécution ne m'a pas permis de trouver un autre terme. Soit, il n'a pas été nourri correctement au monastère, soit il n'a pas fini sa croissance. Les deux ne sont pas incompatibles.
Avant de nous mettre en route, une formalité administrative m'attendait : remplir le formulaire officiel du Département du Tourisme du Ladakh. Comment qualifierais-je la qualité du réseau téléphonique, de la connexion wifi, des parcs de loisirs, des routes et du bureau d'informations? Que dois-je répondre sur la qualité de l'hébergement, de la propreté, du rapport qualité / prix? Et quel serait, selon moi, le juste prix de cet hébergement?

Imaginez un peu que vous alliez presque vous perdre en haute montagne pour vous éloigner du monde moderne, fuir l'instantanéité de l'information, vous désintoxiquer d'internet et de votre portable... et qu'on vienne vous prendre la tête avec des questions pareilles. Ce n'est pas l'altitude qui m'a soudain donné mal au crâne. Notre hôte me regarde avec un sourire bienveillant et encourageant. Je devine que l'Administration viendra lui poser des problèmes si son carnet de formulaires n'est pas correctement rempli. Chaque page est numérotée, impossible de faire l'impasse. Alors mis à part pour la partie technologique et pour l'appréciation sur Disnyackland, je réponds que tout était très bien voire parfait. Evidemment, dans cette appréciation 5 étoiles, il y en avait 4 filantes. Mais la gentillesse et l'accueil si chaleureux de cette jeune femme valait bien une voie lactée.... Je me sentais l'âme poétique de si bonne heure!

Juste avant de prendre mon sac à dos, je remplis mon camel back d'eau bouillie. Je n'ai pas vu les gros bouillons de la popote en fer posée sur le poêle à bouse et il a bien fallu que la température redescende pour remplir cette grande gourde en plastique. Je prie pour que cette eau ait bien connu l'ébullition sinon c'est mon système digestif qui risque d'être en effervescence.

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En altitude, l'eau est aussi vitale que dans le désert. Le MAM, mal aigü des montagnes, peut présenter plusieurs symptômes, et aucun n'est à négliger car il peut avoir des conséquences fatales : manque d'appétit, maux de tête, nausées, vertiges, somnolence,... Boire beaucoup d'eau aide à lutter contre les céphalées. J'allais devoir choisir entre mon ventre et ma boître crânienne.

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Nous quittons Rumtse pour rejoindre notre prochaine étape : Yuruptse. J'avais choisi ce trek car l'agence m'avait précisé que je dormirai chez l'habitant et que ce village était vraiment miniscule puisqu'une seule famille y vivait. Je voyais déjà un Charles Ingalls tibétain préparant les labours pour l'orge, tandis que Caroline, Mary et Laura tisseraient de la laine et tricoteraient des chaussettes qu'elles iraient vendre une fois l'an au marché de Leh... Bref, une version locale qui aurait pu s'intituler "la petite baraque dans le Ladakh"... Sans poser davantage de questions, j'étais convaincue de l'authenticité de cette expérience. C'est parfois préférable de ne rien savoir pour garder tout le charme de la découverte.

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Le chemin n'est pas plus escarpé que la veille mais la progression se fait plus lente pour trouver le souffle, caler le rythme cardiaque. Nous nous rapprochons des 4.000 m d'altitude Nous parlons très peu. Je préfère rester dans mes pensées, jusqu'à ce que je réalise que je n'en ai pas. Serais-je en pleine méditation ou le manque d'oxygène pénalise-t-il déjà mon cerveau?

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Le chemin devient très étroit, en devers. Le temps se couvre et les premiers flocons apparaissent. Les prévisions météo étaient assez optimistes avant notre départ, le retour des éclaircies ne fera donc pas mentir Météo India.

A peine deux heures et demi après notre départ, nous apercevons Yurutsepa. Je suis très déçue. Même si c'était difficile, que je soufflais comme un boeuf, que j'aspirais par la bouche autant d'air que mes poumons pouvaient en contenir, je voulais encore marcher. L'agence avait dit vrai: une maison, et rien d'autre. Là, perdue dans une vallée à l'abri des vents.

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J'entends d'abord des chants, toujours les 3 mêmes phrases, répétées inlassablement, et il en sera ainsi jusqu'en fin d'après-midi. A l'aide de deux bufflons, trois hommes préparent le terrain qui accueillera les semis de céréales. Nous surplombons ce champs et j'admire la précision des sillons. Tout est parfaitement rectiligne. Mêlé au son des cloches des animaux, le chant ressemble à une berceuse. Je me suis même assoupie quelques instants en assistant à ce spectacle.

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Pourvu que Frédéric Lopez ne vienne jamais poser ses caméras dans le coin : certains trésors doivent rester cachés. Nous sommes à plus de 5 heures de marche de toute route carrossable, on vient de passer la barre des 4000 m, ... et une femme, 3 hommes et quelques bêtes vivent là toute l'année. L'autarcie est quasi totale. Seul l'été, quelques trekkeurs leur apportent de maigres revenus et un peu d'animation : mais en souhaitent-ils vraiment? Contrairement à la veille, l'accueil fut bien plus frais.

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Commentaires
K
La suite de cette petite aventure est enfin publiée : il m'aura finalement fallu bien plus d'énergie pour la raconter que pour la parcourir. <br /> <br /> Peut-etre une manière de prolonger ces moments si précieux ...
H
J’imagine que le lever du soleil est magnifique dans la région. J’ai toujours voulu découvrir les lieux insolites de Rumtse.
D
Frédéric Lopez peut faire un "copier-coller" il aura une émission à succès.
L
J ADORE VITE LA SUITE .....<br /> <br /> <br /> <br /> MOI QUI VOULAIT FAIRE L AMERIQUE DU SUD EN MOTO L ANNEE PROCHAINE JE CROIS QUE JE VAIS RETOURNER DANS CE TRES BEAU LADAKH AVEC NOD BONNES VIEILLES ROYAL ENFIELD .....<br /> <br /> <br /> <br /> trop beau <br /> <br /> <br /> <br /> jp
rootsetchemins
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